Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Expatriation à Pékin...il n'y a pas de problèmes que des expériences!

10 Dec

Zhang Qing ou les ailes du Gong bi

Publié par Leila  - Catégories :  #Art et Culture

Zhang Qing, artiste peintre du Gong Bi

Zhang Qing, artiste peintre du Gong Bi

J'ai rédigé cet article pour le numéro de décembre du journal des français et francophones de Pékin , "Pékin Infos".

Proche de la calligraphie par les pinceaux utilisés, le « Gongbi » est une technique de peinture née durant la dynastie Han (206 av JC - 220) . Contraignante, elle exige de l'artiste qu'il reproduise la réalité tout en exprimant sa propre émotion. Elle incarne ainsi, une vision réaliste et philosophique du monde. Sa pratique limitée aux lettrés et aux familles impériales se développe des siècles durant jusqu'à atteindre son apogée pendant la période Tang – Song (618 -1279). L'empereur Song Huizong (dyn. Song) lui- même, est d'ailleurs un représentant majeur du Gongbi ancien. Les vicissitudes de l'Histoire auraient pu faire disparaître cette technique érigée en style très rigide avec ses règles et ses outils, et pourtant, aujourd'hui des artistes continuent de perpétuer le geste dans un contexte contemporain. Ce renouvellement lui assure un succès grandissant en Chine et à l'étranger.

Exposition du Collectif à Denver
Exposition du Collectif à Denver

Ainsi, Zhang Qing, membre du collectif « The Exhibition of Contemporary Gongbi Painting » revient d'un voyage aux USA où il a exposé au Centre des arts visuels de l'université d'état de Denver. Il nous assure que de plus en plus de jeunes artistes issus de l'université des beaux arts de Pékin choisissent, comme lui, de faire revivre le Gongbi longtemps délaissé au profit du « Xie yi », art abstrait, plus accessible car plus proche des codes occidentaux.

Zhang Qing a appris à s'exprimer dans un système où la technique et les outils utilisés sont les mêmes depuis l'origine. Le morceau de soie, support de l'imagination du peintre sera minutieusement travaillé autant à l'envers qu'à l'endroit, offrant ainsi une palette de couleurs et de textures plus variée. Le verso servira surtout à reproduire les nuances en tenant compte de la texture et la lumière de la soie tandis que les détails du dessin seront peints sur le recto.

L'encre pigmentée, diluée, est posée sur la soie en lavis successifs imitant les zones d'ombre et de lumière réelle, jusqu'à voir s'échapper de la toile, l'oiseau prêt à prendre son envol, la fleur prête à être cueillie, des personnages prêts à s'animer. Il va falloir parfois une cinquantaine de couches pour obtenir le résultat attendu. Pour Zhang Qing, une seule couche à l'endroit permettra de finaliser l’œuvre dans ses détails. Des mois de travail !

Inspirations de Zhang Qing : La naissance de Vénus de Boticelli (à g.) et Xian'e Changcun de Castiglione (à d.)Inspirations de Zhang Qing : La naissance de Vénus de Boticelli (à g.) et Xian'e Changcun de Castiglione (à d.)

Inspirations de Zhang Qing : La naissance de Vénus de Boticelli (à g.) et Xian'e Changcun de Castiglione (à d.)

Inspiration de "La naissance de Vénus" de Boticelli
Inspiration de "La naissance de Vénus" de Boticelli

Il trouve son inspiration dans sa vie quotidienne, ses rêves, ses réflexions sur l'évolution de son style ou sa religion. Ses artistes de référence sont Song Huizong et Giuseppe Castiglione (missionnaire italien, peintre à la cour impériale de Kangxi,Yongzheng et Qianlong) pour l'art chinois et Botticelli pour l'art occidental. Il a d'ailleurs repris dans le tableau « La Naissance de Vénus » de Botticelli, les fleurs et le voile pour composer une de ses toiles. Pour lui,la Renaissance a joué, en Europe, un rôle identique à celui du Gongbi en Chine pendant la période Song. Alors que la période de la Renaissance a favorisé le développement des techniques, c'est l'évolution de l'empreinte de la philosophie sur la peinture jusqu'à son apogée qui marque la période Tang-Song du Gongbi.

Zhang Qing peint surtout des oiseaux, symboles, dans son œuvre, de la féminité. Il cherche donc à transmettre à son pinceau, la grâce, la timidité, la douceur qu'il estime caractéristique des femmes. Il en ressort un sentiment de fragilité et de mélancolie.

Ces oiseaux extraordinaires n'existent pas dans la réalité mais Zhang Qing les recomposent à partir de volatils réels, selon son inspiration ou leur signification dans l'imaginaire chinois. Un tableau est donc une composition symbolique d'éléments réels, une représentation de sa vérité philosophique, qui respecte les perspectives, les ombres, la lumière et les mouvements.

Le Gongbi, retrouve, grâce à des artistes comme Zhang Qing, une ouverture sur le monde d'aujourd'hui donnant à cet art ancien une nouvelle jeunesse.

 

Interview de Zhang Qing réalisée avec l'aide de Lou Karnatak

 

 

Une couleur en 5 tableaux- 5 (à g.)  Une couleur en 5 tableaux- 1 (mil.) Pas la neige (série Neige)( à d.)Une couleur en 5 tableaux- 5 (à g.)  Une couleur en 5 tableaux- 1 (mil.) Pas la neige (série Neige)( à d.)Une couleur en 5 tableaux- 5 (à g.)  Une couleur en 5 tableaux- 1 (mil.) Pas la neige (série Neige)( à d.)

Une couleur en 5 tableaux- 5 (à g.) Une couleur en 5 tableaux- 1 (mil.) Pas la neige (série Neige)( à d.)

Commenter cet article

À propos

Expatriation à Pékin...il n'y a pas de problèmes que des expériences!